Mentions légales

DESSIN-FRATERNITEDimanche 11 janvier, s’est exprimée dans un immense élan collectif la prise de conscience qu’une société désunie est une société désarmée.

Comme dans un effet miroir terrifiant, les attentas du 13 novembre nous ont rappelé que les forces les plus obscurantistes pouvaient incarner avec hystérie une volonté affirmée de démembrement des sociétés européennes, de discriminations invivables et, au-delà, d’un inconcevable asservissement.

Face à cette violence, une fois de plus, le corps social français a su montrer sa capacité à exprimer son identité et sa force collective. Et il l’a fait autour des valeurs les plus insignes de note société, hymne et drapeaux à l’appui, et rejet des affrontements politiciens en trame de fond.

Mais ce mouvement, pour être durable, doit s’organiser et impliquer chacun d’entre nous, bien au-delà de notre conception actuelle de la démocratie qui privilégie l’action politique en négligeant l’action citoyenne. C’est pourquoi si l’on ne veut pas décevoir, le moment est venu de changer de paradigme en faisant de l’action politique le levier de l’action citoyenne, comme nous y invite le Pacte républicain qui projette la liberté et l’égalité vers la fraternité.

C’est nécessaire pour tous les habitants que la déliquescence du lien social et l’effacement des repères fragilisent à tous les âges de la vie. C’est tout particulièrement nécessaire pour les habitants des quartiers ghettoïsés où l’action des pouvoirs publics ne sera décisive que si elle s’accompagne d’une mobilisation de toutes les énergies disponibles, de toute la société. Ce qui requiert de cesser d’appréhender la diversité comme un handicap pour en faire un atout déterminant de la réussite collective dans un monde de plus en plus métissé.

C’est à ces conditions que l’on pourra répondre efficacement au besoin de sécurité qui s’exprime légitimement. Car peut-on croire qu’il puisse y avoir durablement de la sécurité sans fraternité, comme d’ailleurs de la fraternité sans sécurité ? C’est l’interdépendance des deux qui peut vaincre la peur. D’ailleurs, la fraternité n’est pas gravée au fronton des mairies de France par hasard mais parce qu’elle a vocation à imprégner la réalité de la vie locale. Et c’est possible car nos concitoyens n’ont pas seulement le mérite de savoir se rassembler pour dire non à la barbarie. Ils savent également innover pour faire échec à l’indifférence, au repli sur soi et à la haine qui en résulte, même si leurs démarches restent trop souvent anecdotiques faute d’encouragement de toutes les autorités. Une illustration de plus d’un immense déficit de volonté politique, qui favorise la résurgence des appartenances d’origine faute de projet de société fédérateur.

C’est pourquoi nous appelons solennellement les plus hautes autorités de l’État, mais aussi les responsables locaux, à affirmer avec force leur intention d’inscrire le volet fraternité de la République dans leurs toutes premières priorités. Et, nous les appelons, pour répondre concrètement aux attentes de nos concitoyens, à bâtir sans attendre des plans d’action ambitieux sur le terrain éducatif, culturel, social, économique… L’objectif étant notamment de favoriser toutes les dynamiques individuelles, associatives ou institutionnelles aptes à construire de nouvelles relations d’écoute, d’entraide et de respect entre les cultures, les âges et les territoires. Et pour que chacun se sente concerné, il s’agit de promouvoir sans ambiguïté l’importance de rapports harmonieux entre droits et devoirs, entre liberté individuelle et responsabilité collective, entre diversité culturelle et unité nationale. Une exigence qui doit permettre de remettre en cause nos comportements et nos modes de fonctionnement, pour déboucher sur des résultats concrets dans la revitalisation de la cohésion sociale et du vivre ensemble.

Et pour illustrer au plus vite cette ambition, il pourrait, par exemple, être organisé dès cette année une semaine nationale de la Fraternité au cours de laquelle toutes les autorités et forces vives des territoires engageraient de nouvelles démarches en ce sens. Une semaine qui, loin d’être un nouveau terrain de jeu pour communicants, pourrait constituer la première étape symbolique de ce grand projet de société qui, seul, peut empêcher l’embrasement. C’est lorsqu’il se situe sur ce terrain-là que notre pays redevient la terre de lumières qui le grandit et nous grandit.

Premiers signataires : Dominique Balmary, Uniopss ; Ghaleb Bencheikh, Conférence mondiale des religions pour la paix ; Jean-Louis Bianco, Observatoire de la Laïcité ; Véronique Fayet, Secours Catholique ; Jean-Baptiste de Foucauld, Pacte civique ; Louis Gallois, Fnars ; ; Antoine Guggenheim, philosophe ; Bariza Khiari, sénatrice de Paris ; René Lenoir, philosophe ; Atanase Périfan, Fête des Voisins ; Jean-Louis Sanchez, Collectif Appel à la Fraternité ; Jérôme Vignon, Semaines sociales de France ; Pierre Tartakowsky, Ligue des droits de l’Homme ; Patrick Viveret, États généraux du pouvoir citoyen, Mouvement du 11 janvier.

Ainsi que : Geneviève Ancel, Dialogues en humanité ; Catherine Belakhovsky, Pacte civique ; Jacques Blondel, CNRS ; Jean-Claude Bologne, écrivain, Société des gens de Lettres ; Louis de Broissia, membre honoraire du parlement ; Thierry du Bouetiez, Groupement national des initiatives et des acteurs citoyens ; Brigitte Bouquet, Conservatoire national des arts et métiers ; Pascal Colin, Réseau national de l’économie sociale et solidaire ; François Content, Apprentis d’Auteuil ; Francis Contis, Una ; Gilbert Cotteau, fondateur de SOS Villages d’Enfants ; Louis de Courcy, journaliste ; Jean Dautry, Association Espoir Alzheimer ; Bernard Devert, Habitat et Humanisme ; Antoine Dulin, Conseil économique, social et environnemental ; Jean Dumonteil, La lettre du secteur public ; Samir El Bakkali, Fédération nationale Mosaïc ; Bernard Ennuyer, sociologue ; Jean de Gaullier, Adessa Domicile ; Jean-Yves Gérard, Le réseau des villes correspondants de nuit et de la médiation sociale ; le Général d’armée Hervé Gobilliard, Société des membres de la Légion d’honneur ; Jean-Marcel Grandamme, élu de Valenciennes métropole ; Claudy Jarry, Fnadepa ; Fabian Jordan, élu local fondateur de la Journée citoyenne ; Thierry des Lauriers, Aux captifs la libération ; Didier Lesueur, Observatoire national de l’action sociale ; Jean-Louis Loirat, Association des cités du Secours Catholique ; Gilles Le Bail, Vision et Action Europe ; Alain Marchand, Global et local ; Dominique Méda, sociologue ; Jean-François Mignard, Ligue des droits de l’Homme ; Claudie Miller, Fédération des centres sociaux et socioculturels de France ; Daniel Naud, Fondation de l’Armée du Salut ; Bertrand Ousset, Société de Saint-Vincent-de-Paul ; Françoise Parmentier, Confrontations ; Gilles Paillard, SOS Villages d’Enfants ; Joachim Reynard, Apriles ; Didier Sapy, Fnaqpa ; Jean-Marie Schléret, Observatoire national de la sécurité et de l’accessibilité des établissements d’enseignement ; Lise-Marie Schaffhauser, Union des acteurs de parrainage de proximité ; Karine Senghor, Le Journal de l’action sociale ; Patricia Sitruk, Œuvre de secours aux enfants ; Eric Yapoudjian, Fondation de l’Armée du Salut.

Auxquels se joignent chaque jour des centaines de citoyens, élus locaux, militants associatifs, cadres de collectivités publiques, signant sur le web (http ://urlz.fr/1spZ), dont la liste sera publiée prochainement.


——————————————————————————————————————————-

Mentions légales
Retour en haut